La CEDEAO somme la Junte de rétablir immédiatement l’ordre
constitutionnel et lance une sévère mise en garde à la Rébellion
Touarègue. Réunie à Abidjan le 27 mars, l’organisation régionale
interviendra-t-elle militairement ?
Réunis à Abidjan le 27 mars pour un sommet extraordinaire consacré au Mali, les chefs d’Etat et de gouvernement de la Communauté économique des Etats e l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), ont condamné avec fermeté le renversement du président Amadou Toumani Touré. L’organisation régionale dénie toute forme de légitimité au Conseil national pour le redressement de la démocratie (CNRDR) mis en place au lendemain du putsch du 22 mars 2012. La tolérance zéro, qui fait partie des principes du protocole additionnel de l’organisation ouest-africaine a été rappelée avec force par les chefs d’Etat qui ont décidé de la suspension du Mali de toutes les instances décisionnelles avec effet immédiat.
Pour l’heure, le dialogue est privilégié. Une délégation de haut
niveau conduite par le président ivoirien, Alassane Ouattara, président
en exercice de la CEDEAO et Yayi Boni, président de l’Union Africaine,
de Mamadou Issoufou du Niger, Goodlock Jonathan du Nigéria, de , Blaise
Compaoré du Burkina, de Hélène Johnson serlef du Libéria et Bai Ernest
Koroma de Siéra Léone sera dépêchée dans les 48 heures pour rencontrer
les dirigeants de la junte.
Parallèlement à cette troïka de chef d’Etats, une mission de chef
d’Etat major des armées du Nigeria, du Burkina, de la Côte d’Ivoire, du
Bénin et du Togo se rendra à Bamako pour rencontrer d’une part la junte
puis, d’autre part, la rébellion touarègue. Objectif, évaluer la
situation sur le terrain et lancer une sévère mise en garde à la
rébellion Touarègue. L’option d’une intervention militaire est
clairement évoquée en cas de non cessez le feu. La CEDEAO se dit prête à
intervenir pour garantir l’intégrité territoriale du Mali. Le dossier
est confié à Blaise Compaoré, désigné médiateur dans le conflit du nord
malien. Le burkinabé conduira une mission de haut niveau dans la région
en compagnie de son homologue du Niger, du Bénin, du Liberia et du
Nigeria.
En outre, la conférence des chefs d’Etats et de gouvernement a chargé
le président de la commission de la CEDEAO, Kadré Désiré Ouédraogo, de
transmettre à l’Union Africaine et au conseil de paix et de sécurité les
décisions de la CEDEAO. Le dernier mot est revenu au président
ivoirien, Alassane Ouattara, lequel a indiqué que la CEDEAO ne va pas
oublier le Mali et rétablirait l’ordre constitutionnel au Mali, au
besoin par la force. « La restauration de la démocratie et de l’ordre
constitutionnel n’est pas négociable », estime Ouattara
Rodrigue Fénelon MASSALA, Abidjan
Les Afriques
La CEEAC plus indépendante que la CEDEAO ?
Rôle de la société civile dans l’exercice du contrôle citoyen
D’une certaine façon, la crise qui secoue le Mali depuis un an et
celle qui vient à peine de naître du côté de la Centrafrique sont
identiques. Dans les deux cas, il s’agit en effet de groupes rebelles
ayant pris des armes contre des autorités légales et légitimes.
Les islamistes occupant le nord-Mali ont bien entendu pour objectif
d’étendre leur doctrine religieuse à l’ensemble du pays. Tandis que la
coalition Séléka souhaite visiblement chasser le président François
Bozizé. Mais de toute évidence, ce dernier est sauvé par l’intervention
des forces militaires de la sous-région (FOMAC). Une force dont le
déploiement progressif vient de stopper net la progression des rebelles.
Qui se voient contraints de passer par les négociations dans la
capitale Libreville. En un an, la CEDEAO n’aura pas obtenu un tel
résultat, dans son rapport de force avec les islamistes terroristes qui
dictent leur loi dans le nord du Mali. Trop dépendante de certaines
puissances étrangères et soucieuse de recevoir l’aval de l’instance
onusienne, la CEDEAO aura perdu tout le temps dans d’interminables
atermoiements dont ont profité les islamistes.
Il faut cependant préciser que les 3 200 soldats devant composer la MICEMA sont de loin supérieurs aux quelques 700 éléments que requiert la sécurisation de la capitale centrafricaine. Du coup, on peut supposer que les ressources en hommes et en logistique que nécessite la reconquête du nord-Mali sont telles qu’il est logique que le soutien de certains partenaires soit acceptable. De même, la lutte contre des terroristes islamistes dans le vaste no man’s land qu’est le nord du Mali ne doit pas être aussi aisé que d’empêcher quelques rebelles voulant s’emparer de Bangui.
Mais au-delà de ses spécificités, la Communauté économique des Etats
de l’Afrique centrale (CEEAC) se sera montrée relativement indépendante.
Elle n’aura pas attendu que le Conseil de sécurité ou quelque instance
internationale du même genre donne son quitus. Dès que les dirigeants
des pays de l’Afrique centrale ont estimé que leur homologue avait
effectivement compris les revendications et qu’il était véritablement
disposé à y faire face, ils ont décidé de voler au secours du général
Bozizé. Décision immédiatement suivie d’effet, avec le déploiement
effectif des soldats de certains pays.
L’effet de ce pragmatisme ne se fait pas attendre et se traduit par
l’annonce des rebelles de la suspension de leur offensive en direction
de Bangui et leur disponibilité à prendre part au dialogue politique à
Libreville.
Il est encore trop tôt pour qu’on conclue que le conflit sera résolu.
Par contre, il est évident que sans l’intervention prompte des soldats
de la FOMAC, la Séléka serait probablement à l’heure qu’il est à Bangui.
Ce pragmatisme et cette indépendance auront cruellement manqué à la
CEDEAO dans sa gestion de la crise malienne. Alassane Ouattara, Boni
Yayi et Mahamadou Issouffou ont défendu becs et ongles la doctrine de
l’intervention. Mais ils auront trop longtemps attendu l’appui de la
France, des Etats-Unis, de l’Onu et d’autres partenaires extérieurs. De
même, la CEDEAO a trop longtemps attendu le vote par le Conseil de
sécurité d’une résolution autorisant le déploiement des troupes
étrangères. Cela fait trop de temps perdu et dont ont profité les
occupants du nord du Mali.
Alors qu’à l’image de la CEEAC, la CEDEAO en se montrant plus pragmatique aurait pu contraindre le monde entier à suivre la démarche. Malheureusement, la CEDEAO, au lieu de tenir la direction est restée à l’arrière. Attendant que d’autres ouvrent la marche. Et c’est pourquoi jusqu’aujourd’hui, les islamistes continuent d’y commettre les crimes les plus abominables et à perpétrer les violations les plus éhontées des droits humains.
CEDEAO et Mali : dialogue d’abord, bruits de bottes ensuite
Toumani : « le plus important pour moi aujourd’hui ce n’est pas ma personne »
Vers la fin de l’année 1999, nous faisions nos premiers pas dans le
monde des ONG, comme agent de terrain dans un village du nom de Déguéla à
6 km de Kangaba dans la région de Koulikoro.
I- INTRODUCTION : L’ANECDOTE DU VIEUX YAMOUDOU KEITA DE DEGUELA
Un jour, une délégation nationale arriva de Bamako et tint une
réunion avec le conseil de village. L’objectif de la réunion était de
recenser les besoins de la population. Après l’introduction de la
réunion, les techniciens de l’équipe posèrent des questions et
enregistrèrent tous les besoins exprimés par le chef de village et ses
conseillers.
Après la réunion, au cours d’une causerie informelle je posai à un
vieux, la question de savoir pourquoi il est resté silencieux pendant
tout le long de la réunion. Le vieux Yamoudou Kéita (c’était son nom) me
répondit qu’il ne sait plus combien de fois il a participé à une
réunion pareille. « Mon fils dit-il, depuis que j’étais jeune garçon
comme toi, chaque année les « fama » viennent de Bamako et nous
demandent nos problèmes. Nous leur expliquons tous nos problèmes et ils
les écrivent. Si tu pouvais retrouver tous ces papiers aujourd’hui et
que tu les mettes bout à bout pour les coudre, j’en ferai un pantalon
bouffon et un ample boubou qui trainerait derrière moi. Mais mon fils,
nos conditions de vie deviennent difficiles d’année en année. Ces
recensements n’ont aucune suite »
Cette réponse du vieux Yamoudou me donna beaucoup à réfléchir. En
l’analysant, nous voyons qu’elle soulève beaucoup de problématiques
entre autres celles de la pauvreté, de la planification et surtout de
l’implication des populations dans la conception, la mise en œuvre et
l’évaluation des actions de développement les concernant. Le vieux
Yamoudou a posé en d’autres termes la question de la gouvernance.
De cette période à maintenant, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts.
Entre temps nous avons connu les évènements de 1991 à la suite desquels
la constitution du 25 février 1992 a connu le jour et a jeté les bases
de la décentralisation c’est-à-dire la possibilité pour les populations à
la base de planifier leurs propres actions de développement, de les
exécuter et de les évaluer dans les conditions prévues par la loi. Mais
de nos jours, toutes les questions suscitées par le vieux Kéita ne
sont-elles pas d’actualité ?
II- COMPREHENSION MUTUELLE SUR CERTAINS CONCEPTS :
Avant d’aller plus loin, essayons de nous comprendre sur certains
concepts contenus dans le thème de nos débats notamment les notions de
société civile, de contrôle citoyen et de bonne gouvernance
La bonne gouvernance : Dans un pays on parle de
bonne gouvernance lorsque le gouvernement utilise judicieusement les
ressources et prend de bonnes politiques qui profitent à la population.
On peut parler de bonne gouvernance même dans les organisations. On
dit qu’il y a de la bonne gouvernance dans une organisation quand ses
ressources (financières, matérielles, humaines, etc. .) sont utilisées à
bon escient et quand les décisions prises ne profitent pas seulement à
quelques membres mais à tous.
La société civile : La notion de société civile est une notion très
ambiguë qui dans beaucoup de débats, ne fait l’unanimité à telle
enseigne que beaucoup de gens préfèrent parler d’acteurs non étatiques
(ANE).
Tous comptes faits, la notion de société civile renvoie à beaucoup de
connotations positives notamment : l’autonomie, la responsabilité, la
prise en charge par les individus eux-mêmes de leurs propres problèmes.
Dans nos débats, tombons d’accord que la société civile désigne la
partie de la société dont l’objectif n’est pas la conquête du pouvoir.
Ainsi, dans le paysage malien nous pourrons considérer comme faisant
partie de la société civile les associations (signataires d’accord cadre
ou non telles que les ONG, les APE/CGS, les ASACO, les associations de
ressortissants,), les groupement, les coopératives, les GIE les
syndicats, les faîtières, etc..
Le contrôle citoyen :
L’expression est composée de deux vocables : le contrôle et le citoyen
Le contrôle : La vérification de la validité ou de la légalité (de quelque chose) ; La surveillance attentive de la qualité ou du bon fonctionnement (d’un produit, d’une machine ou d’un système)
Quant au mot citoyen :
En le prenant comme nom commun, il s’agit d’une personne majeure qui
dispose du droit de vote et possède les droits et les devoirs liés à sa
nationalité
En tant qu’adjectif c’est par exemple un acte : qui constitue ou
apporte une contribution active à la vie publique nationale et à sa
bonne marche
Le contrôle citoyen de l’action publique est une démarche orientée
vers les décideurs. On parle de contrôle citoyen de l’action publique
quand les citoyens ordinaires, les organisations de la société civile
obligent les détenteurs du pouvoir à rendre compte de leurs actions et à
assumer leurs responsabilités
La notion de contrôle citoyen de l’action publique renvoie à un large
éventail de mesures et de mécanismes (autres que le suffrage) auxquels
les citoyens, les communautés, les organisations de la société civile et
les médias indépendants peuvent recourir pour influencer les tenants du
pouvoir dans leurs actions. Ces mesures comprennent, par exemple, la
participation des citoyens à l’élaboration des politiques et des plans
de développement, la budgétisation participative, le suivi des dépenses
publiques, le suivi par les citoyens de la prestation des services
publics, etc.
III- QUEL ROLE DE LA SOCIETE CIVILE DANS L’EXERCICE DU CONTROLE CITOYEN : CAS DES COLLECTIVITES TERRITORIALES
La question est suffisamment vaste. Elle peut être comprise aussi
bien dans le contexte mondial, dans le contexte national que dans le
contexte local. Pour mieux la camper, prenons le cas des collectivités
territoriales. A ce niveau aussi, choisissons la collectivité de base
qui est la commune.
Fondements législatifs : Rappelons que le contrôle citoyen trouve son
fondement dans le code des collectivités territoriales notamment dans
ses articles 17 et 72 en ces termes :
Article 17 : Avant de délibérer sur les matières ci-après, le conseil
communal est tenu de prendre l’avis du ou des conseils de village ou/et
de fraction ou des chefs de quartier concernés :
La voirie, les collecteurs de drainage et d’égout ;
Le transport public ;
L’occupation privative du domaine public ;
Le cadastre ;
L’organisation des activités agricoles, pastorales, sylvicoles, de pêche ou de chasse ;
La création et l’entretien des puits et points d’eau ;
Le schéma d’aménagement du territoire communal et les plans d’occupation du sol ;
La protection de l’environnement et la gestion des ressources naturelles ;
La gestion du domaine public et privé communal ;
L’implantation et la gestion des équipements collectifs.
Selon l’article 72 du code des collectivités, les conseillers de
village, de fraction et de quartier peuvent formuler des recommandations
sur toutes mesures qu’ils jugent utiles de voir mettre en œuvre par le
maire.
Ils donnent leur avis toutes les fois qu’il est requis par les lois
et règlements ou qu’il est demandé par l’autorité administrative.
Ils sont obligatoirement consultés sur :
L’organisation des activités agricoles, pastorales, sylvicoles, halieutiques et cynégétiques ;
L’implantation et la gestion des équipements collectifs ;
L’élaboration et la mise en œuvre des schémas d’aménagement et des plans d’occupation du sol ;
La protection de l’environnement et la gestion des ressources naturelles ;
Les litiges domaniaux et fonciers ;
La partie du plan de développement concernant leur village, fraction et
quartier. Beaucoup d’autres articles du code des collectivités offrent
au citoyen l’opportunité d’exercer son droit de contrôle ;
L’article 26 du CCT stipule que les sessions du conseil communal sont
publiques. Donc n’importe quel citoyen peut assister aux sessions du
conseil sauf dans quelques cas d’exception fixés par la même loi ;
Le CCT dans son article 30 fait obligation au conseil communal
d’afficher au siège de la Mairie ou de porter à la connaissance des
populations les comptes rendus des sessions dans les huit jours qui
suivent :
* Selon l’article 33 du CCT tout habitant ou contribuable de la
commune a la possibilité de se faire communiquer (à ses frais) ou de
consulter sur place : * les procès verbaux et les délibérations du
conseil communal ; * les budgets et les comptes communaux ; * les
arrêtés communaux ; * Les décisions issues des délibérations peuvent
faire l’objet de recours (art 34 CCT). est possibilité pour un
contribuable ou un habitant d’une collectivité territoriale d’introduire
un recours en annulation contre une décision prise par l’autorité de
tutelle de cette collectivité. Ainsi, la décision d’approbation d’une
délibération du conseil communal (prise par le Préfet, autorité de
tutelle de la commune concernée) peut faire l’objet d’un recours en
annulation introduit par un habitant ou contribuable auprès du
Gouverneur de la région (autorité supérieure) ou du tribunal
administratif dans un délai de un mois (art 235 CCT).
Dans le processus d’élaboration des budgets il fait obligation au Maire d’organiser :
la consultation des conseils de villages, quartiers ou de fractions composant la commune ;
un débat public sur le projet de budget le contrôle suprême demeure
celui que le citoyen exerce par son droit de vote. Ce droit, consacré
par la constitution dans son article 98 est repris par l’article 5 de la
loi sur la libre administration.
Questions :
* Quel usage le citoyen malien fait-il de son droit quand on songe au
faible de taux de participation aux élections ?. * Existe-t-il d’autres
alternatives au vote pour asseoir un contrôle citoyen véritable ? * Le
citoyen malien connaît-il ces ouvertures faites par le code des
collectivités territoriales ? * Le citoyen malien fait-il usage de ces
droits conférés par le CCT ? * Si oui jusqu’à quel niveau ? * Si non,
pourquoi ? * Que faut-il faire pour qu’il exerce davantage son droit de
contrôle sur l’action publique ?
Autant de questions pour alimenter les débats
IV- PROPOSITION DE QUELQUES ORIENTATIONS POUR LA SOCIETE CIVILE
Sans vouloir empiéter sur les débats, suggérons dès maintenant
quelques axes d’orientation de la société civile afin de l’amener à
mieux jouer son rôle de contre pouvoir populaire
Améliorer son organisation aussi bien de façon horizontale que verticale ; Renforcer les capacités des membres ; Initier et mettre en œuvre un bon système de communication interne et externe ; Aider les OSC de base à développer leur vision, à faire leur planification stratégique ; Etre plus pro actif.
David Diop est né le 9 juillet 1927 à. Bordeaux. Sa mère est
camerounaise et son père sénégalais. Il vit entre la France, le Sénégal
et le Cameroun. Il est très tôt (à 8 ans ) orphelin de père et est
élévé, ainsi que ses cinq frères et sœurs par sa mère Maria Diop.
D’une santé fragile, il passe une partie de son enfance dans les
hôpitaux en France où il vit pendant la période d’occupation et de
guerre. Pendant ses périodes de convalescence, il se passionne très tôt
pour la littérature, et ne tarde pas à écrire pour exprimer ce qu’il
ressent.
Au cours de ses études, il a pour professeur un certain Leopold Sedar
Senghor. Sa licence obtenue, David Diop repart pour le Sénégal où il
enseigne (lycée Maurice Delafosse).
Ses premiers poèmes sont publiés aux éditions « Présence Africaine » en 1956, dans un recueil intitulé « les coups de pilon ». Militant anticolonialiste radical, il répond comme beaucoup d’autres intellectuels africains de l’époque à l’appel lancé par Sékou Touré suite à la rupture avec de Gaulle et se rend en Guinée pour enseigner au collège de Kindia. Malheureusement, alors qu’il revient de Guinée, l’avion dans lequel il se trouve en compagnie de sa femme se crashe au large de Dakar. C’est ainsi que disparaît celui qui est considéré à l’époque comme le plus prometteur des poètes africains.
Dans l’accident disparaissent aussi des manuscrits qu’il avait
emporté avec lui. David Diop ne laisse donc à la postérité qu’un recueil
de 17 poèmes publié dans « coups de pilon », auxquels seront ajoutés
huit autres poèmes retrouvés après sa mort.
Diop est un poète engagé, qui met son talent pour la poésie au
service de la lutte anticolonialiste et de la libération des peuples
africains. Ainsi, il sait être mordant pour ceux des africains qu’il
considère comme des valets du colonialisme :
« Mon frère aux dents qui brillent sous le compliment hypocrite,
sur les yeux rendus bleus par la parole du maître, mon pauvre frère au
smoking à revers de soie ».
L’américaine Ruth Simmons souligne en parlant de David Diop que : « qu’il
s’agisse d’un poème qui exprime son amour respectueux de la femme
africaine, ou d’une attaque cinglante contre l’impérialisme et
l’inhumanité yankee, qu’il s’agisse d’une attaque mordante contre le
Noir assimilationniste ou d’un appel émouvant à l’action, la voix de
David Diop est infailliblement celle d’un poète africain qui plaide pour
la cause de son peuple ».
Par sa poésie, sa passion, son engagement, la fougue de la jeunesse, les appels à retrouver la dignité perdue, David Diop a profondément marqué son époque.
L’Afrique et ses élites prédatrices, entretien avec Ibrahima Thioub
Considérez-vous les indépendances africaines comme une réalité ?
Formellement, les Etats ont accédé à la souveraineté internationale
en 1960. Mais ce changement juridique ne signe pas la fin de la
colonisation, c’est-à-dire d’une exploitation économique doublée d’une
soumission à une autre culture.
Après 1945, le rapport colonial ne pouvait plus se maintenir car la
participation des Africains à la seconde guerre mondiale l’avait
radicalement transformé : ils avaient pris conscience que l’égalité
était possible, d’autant que d’autres territoires colonisés réclamaient
leur émancipation.
Pourquoi la France a-t-elle cependant gardé la main ?
La métropole a su négocier une sortie la plus favorable possible.
Elle a transféré le pouvoir aux segments du mouvement nationaliste les
plus à même de préserver le lien colonial. Elle a éliminé les plus
radicaux par la répression sanglante comme au Cameroun ou par la
manoeuvre politique, comme en Côte d’Ivoire ou au Sénégal.
Vous soulignez la prise de conscience des tirailleurs et les
luttes syndicales engagées après la guerre. Les instruments de la
contestation ont-ils été transmis par le colonisateur lui-même ?
Oui, et c’est là un des grands problèmes de la décolonisation. Les
dominés se réapproprient le discours du colonisateur pour le retourner
contre lui, construire leur propre identité et légitimer leur combat.
Pour affirmer leur unité, ils se définissent par référence à l’élément
le plus simple : la couleur de la peau, ou la négritude chère à Aimé
Césaire et Léopold Sédar Senghor. Ce faisant, ils ne sortent pas du
système et s’enferment dans le piège d’une identité que j’appelle
« chromatique ».
Car la couleur de la peau est l’élément qui fondait non seulement
l’ordre colonial mais aussi la traite négrière. Réduire les Africains à
ce facteur naturel symbolisant leur prétendue sauvagerie servait à les
expulser de l’Histoire.
Comment ce piège a-t-il fonctionné ?
Les nationalistes ont récupéré cette identité et l’ont inversée pour
démontrer que l’Afrique a une civilisation et une histoire, la
négritude. Mais l’acceptation de cette définition chromatique a empêché
de voir que les Africains forment des groupes aux intérêts très variés,
plus ou moins accommodants avec le pouvoir colonial.
Jusqu’à aujourd’hui cette vision raciale produit des effets pervers :
quand un bourreau est africain et noir, on a du mal à le traduire en
justice pour peu que les juges soient blancs, alors que ce serait
l’intérêt des victimes qui peuvent être noires.
Vous contestez le récit de la traite négrière qui en fait un pur pillage des Africains par les Blancs. Pourquoi ?
La vision « chromatique » de l’Afrique aboutit à une vision fausse de
l’esclavage. La traite ne se limitait pas à la vente de Noirs à des
Blancs dans des ports africains. Elle englobe la manière dont les
esclaves étaient « produits » à l’intérieur du continent et acheminés
sur la côte.
Ce système atlantique était une organisation globale, qui mettait en
relation, dans un partenariat asymétrique mais intéressé, les compagnies
européennes avec des élites africaines. Celles-ci utilisaient la traite
pour redéfinir les rapports de pouvoir sur le continent.
En quoi la responsabilité des élites africaines renvoie-t-elle à l’histoire des indépendances ?
Dans n’importe quelle ville africaine, je suis frappé par la
coexistence entre le grand nombre de 4 × 4 de luxe, et l’usage d’un
moyen de transport qui remonte au néolithique, la tête des femmes.
Cela signifie que les élites, au prix d’une violence extrême exercée
sur les populations, s’emparent des ressources du pays, les exportent,
et dépensent les recettes ainsi dégagées en achetant à l’étranger des
biens d’une totale inutilité sociale autre que symbolique de leur
capacité de violence. Ils ruinent les pays en pompant la force de
travail des corps subalternes qui sont réduits à la misère.
La réponse de la partie la plus dynamique de ces populations, c’est la fuite, les pirogues vers l’Europe.
Il ne s’agit pas d’esclavage…
En quoi cela se distingue-t-il de la traite ? A l’époque, des
compagnies européennes apportaient en Afrique des biens tout aussi
inutiles et destructeurs, comme la verroterie, l’alcool et les armes.
Elles les remettaient aux élites qui organisaient la chasse aux
esclaves. Déjà, le pillage permettait aux élites d’accéder aux biens de
consommation importés. Aujourd’hui, le système s’est perfectionné
puisque les esclaves se livrent eux-mêmes : ce sont les émigrés.
En quoi ce parallèle éclaire-t-il la question de l’indépendance des Etats africains ?
Si vous voulez comprendre le système de la traite négrière, observez
le comportement actuel des élites africaines. Pourquoi nos systèmes de
santé et d’éducation sont-ils aussi vétustes ? Parce que les élites ne
s’y soignent pas et n’y éduquent pas leurs enfants, ils préfèrent les
pays du Nord. Leur système de prédation ruine les campagnes et contraint
les populations à s’exiler. Au point qu’aujourd’hui, si vous mettez un
bateau dans n’importe quel port africain et proclamez que vous cherchez
des esclaves pour l’Europe, le bateau va se remplir immédiatement.
Certes, ce système fonctionne au bénéfice des multinationales, mais
il n’existerait pas sans des élites africaines. A l’époque de la traite
négrière, l’alcool et les fusils achetés aux Européens leur permettaient
de se maintenir au pouvoir. Désormais ce sont les 4 × 4 et les
kalachnikovs.
Beaucoup de discours expliquent les malheurs de l’Afrique
par la traite négrière et magnifient la résistance des Africains à la
colonisation. Vous vous inscrivez en faux ?
Les traites esclavagistes et la colonisation ont certes ruiné
l’Afrique. Les Africains qui en étaient les victimes leur ont opposé une
farouche résistance. Les discours qui unifient les Africains autour de
la couleur de la peau étaient nécessaires pour lutter contre le
colonialisme. Ils ne servent plus maintenant qu’à masquer la réalité de
notre soumission aux pays occidentaux.
L’Afrique est aujourd’hui convoitée par des puissances
(Chine, Inde, Brésil, etc.) sans lien colonial avec elle. Ce contexte
nouveau peut-il faciliter une nouvelle émancipation ?
A l’époque de la guerre froide, les leaders africains jouaient déjà l’Occident contre le communisme pour obtenir le maximum. Aujourd’hui, ils peuvent miser sur la Chine, l’Inde, l’Iran, contre l’ancienne puissance coloniale, mais ils conservent leur culture de prédation. Pour les peuples africains, cela ne change rien.
Tant que nos élites se contenteront de multiplier leurs partenaires pour leur livrer les matières premières et non développer la production, elles reproduiront le système qui a mis l’Afrique à genoux.
Pourquoi la France a-t-elle tant de mal à lâcher la bride à ses anciennes colonies ?
La colonisation avait fondé un empire qui incluait la métropole. En
1960, la France a cru que seule l’Afrique était à décoloniser alors que
les Français et leur mentalité devaient l’être également. Rappelez-vous
le discours de Nicolas Sarkozy à Dakar en 2007 ! Il dissertait sur
« l’homme africain » comme s’il se trouvait encore dans la capitale de
l’Afrique occidentale française !
Regardez à Paris les rues qui portent le nom de colonisateurs ! Les
Français les ignorent, mais pas nous ! L’image de l’Afrique coloniale
n’a jamais été déconstruite en France. Elle sert les intérêts des
tenants de la Françafrique. Cela entretient des rapports très
conflictuels avec les populations des anciennes colonies qui ne
comprennent pas l’attitude de la France, notamment en matière
d’immigration.
N’est-il pas contradictoire de réclamer l’indépendance et le droit à émigrer ?
On ne peut pas avoir soumis par la violence des populations qui ne
demandaient rien, permettre encore aux capitaux et aux citoyens français
de s’implanter facilement dans ces territoires et, un beau jour,
décider que la France n’est faite que pour les Français de France. Il
faut tirer les conséquences de l’histoire de la France et des relations
très particulières qu’elle a nouées avec ses colonies. Le slogan « La
France aux Français » a un corollaire : « les Français en France ».
En quoi cette histoire fonde-t-elle aujourd’hui un droit à l’immigration ?
Mais les capitaux et les hommes continuent de circuler librement du
Nord au Sud ! Pourquoi la plupart des banques du Sénégal sont-elles des
filiales de banques françaises, alors que les Sénégalais n’ont pas le
droit d’aller travailler en France ? Pourquoi la remise en cause de la
libre circulation des biens est-elle considérée comme un scandale, alors
que la fermeture des frontières aux hommes est perçue comme normale ?
Les stratégies de développement affichées par les Etats au moment des indépendances ont échoué. Pourquoi ?
On était parti de l’idée que la toute-puissance de l’Etat appuyée sur
un parti unique allait assurer le développement. On allait rattraper
l’Europe en 2000 ! Par référence à la toute-puissance de l’Etat
colonial, on a fétichisé l’Etat. Cela s’est avéré totalement inefficace
parce que le groupe qui s’est emparé de l’Etat s’est servi de son
pouvoir pour accumuler des richesses en étouffant l’initiative privée.
Dès la fin des années 1970, le système a capoté. Les anciennes
métropoles ont délégué le soutien financier au FMI et à la Banque
mondiale qui ont disqualifié les Etats et promis le développement par le
marché. Cela a produit des catastrophes encore plus graves que l’Etat.
L’émergence des sociétés civiles ne constitue-t-elle pas une conquête ?
Avec l’austérité imposée dans les années 1990, il était difficile de
continuer à étouffer l’espace public. L’abandon des subventions
agricoles a provoqué l’exode rural et les villes surpeuplées sont
devenues des espaces de contestation.
On a « ONGisé » les sociétés pour suppléer les services publics. Ces
organisations ont structuré la société civile, mais elles ont été
récupérées par les élites. Les groupes qui détournaient l’argent de
l’Etat accaparent désormais les ressources des ONG pour financer
d’inutiles colloques ainsi que des flottes de 4 × 4, symboles de la
néocolonisation de l’Afrique et agents actifs de détérioration de son
environnement.
Des mouvements de contestation existent…
Certains intellectuels contestent radicalement le fonctionnement des
Etats, mais c’est pour mieux négocier leur place. Du jour au lendemain,
ils se retrouvent ministres du pouvoir qu’ils vilipendaient la veille.
L’idée selon laquelle on accède aux ressources non par le travail mais
par la simple posture politique est profondément ancrée.
Avec leurs limites, les vraies luttes de la société civile sont le
fait des syndicats de travailleurs, des associations de base qui ciblent
les conditions concrètes de vie. Ils arrachent toujours plus de liberté
de manifester, de protester, de contester, relayés par la presse et les
artistes.
En cinquante ans, les libertés d’expression et de la presse ont tout de même énormément progressé…
Dans beaucoup de pays, on a réussi à construire une presse
indépendante grâce au courage physique de certains journalistes. Les
gens sont si attachés à la liberté de la presse et des ondes qu’ils
protestent à chaque menace de régression. Il sera de plus en plus
difficile de revenir en arrière.
Quelles pistes proposez-vous pour une véritable indépendance ?
La priorité consiste à rompre, grâce à l’éducation, avec la logique
qui nous conduit à survaloriser tous les produits venant de l’extérieur y
compris les diplômes, et à tourner le dos à la production. L’Afrique
est le seul continent où la majorité de la population n’a pas envie de
rester.
Cette situation est liée au choix des élites africaines qui, au
moment de la traite, ont détruit l’artisanat et la métallurgie,
préférant acheter le fer venu d’Europe, soumettre et vendre ceux qui
auraient pu assurer la production.
Ce mépris des productions locales reste flagrant. Quand le président
sénégalais Abdoulaye Wade reçoit le khalife des mourides, il lui offre
non pas des chaussures fabriquées au Sénégal, mais un tableau fabriqué
en Iran, son chef du protocole insistant devant les caméras sur ce
point.
La vitalité de la population n’est-elle pas un immense atout ?
Nous avons toutes les ressources pour nous en sortir. Allez dans
n’importe quel marché à 5 heures du matin, vous verrez des centaines de
femmes qui suent sang et eau pour nourrir leur famille. Nous n’avons
rien à apprendre du point de vue du courage physique. Notre problème,
c’est ce groupe qui a militarisé les sociétés africaines à partir de la
traite atlantique en connivence avec les compagnies européennes pour
insuffler cette culture de prédation. Rompre avec cette situation est un
très vaste programme.
Cela passe-t-il par l’unité du continent ?
Contrairement à ce que l’on prétend, le colonisateur ne nous a pas
divisés, il nous a unifiés, mais sur des territoires découpés en
fonction de ses seuls intérêts : l’évacuation des richesses via les
ports. A notre époque, il s’agit de construire de nouvelles
territorialités tournées vers nos besoins.
Le problème est que les gens qui veulent détruire l’Afrique sont
unis, tandis que ceux qui veulent la construire ne le sont pas. Dès que
nous cherchons à nous rassembler, on nous divise entre tidjanes et
mourides, entre musulmans et chrétiens, entre Diolas et Sérères… On nous
ramène à notre identité de « Noirs ».
Ce sont autant de pièges que je combats. Tant que nous resterons atomisés, nos futurs resteront bloqués.
A travers son billet « Afro », l’artiste plasticien Mansour Ciss
Kanakassy entrevoit l’unité du continent africain. Cette monnaie unique
appelée « Afro » est au coeur de l’exposition dressée jusqu’au 31
décembre 2011 au Raw Material Company. « Les Etats Unis d’Afrique :
Utopie ou réalité » ? C’est la thématique que l’artiste plasticien
sénégalais Mansour Ciss Kanakassy aborde dans son exposition au Raw
Material Company (Centre pour l’art, Sicap Amitié 2).
L’artiste qui vit en Allemagne, n’est pas à Dakar pour le moment,
mais son exposition est présentée par le commissaire Koyo Kouoh de Raw
material. A travers des spécimens de billets de banque imprimés sur des
plaques en aluminium, l’artiste entrevoit l’unité africaine avec la
création d’une monnaie unique sur le continent : l’ « Afro ».
Il s’inspire des grandes figures du panafricanisme telles que Nelson
Mandela, Kwameh Nkrumah, Cheikh Anta Diop, Thomas Sankara, Patrice
Lumumba, entre autres.
Basé à Berlin, Mansour Ciss crée un laboratoire d’Art en 2002 appelé
Laboratoire de « Déberlinisation ». Autrement dit, « déberliniser »
l’Afrique c’est-à–dire, « reconstruire l’Afrique », suite au partage
systématique et arbitraire de l’Afrique, explique Koyo Kouoh,
commissaire de l’exposition. Le plasticien s’inspire du Congrès de
Berlin de Novembre 1884 à Février 1885. Conscient des obstacles
insurmontables qui retardent l’arrivée d’une monnaie unique pour la
mobilité des échanges, Ciss et d’autres artistes comme Pascale Marthine
Tayou se substituent à l’Etat pour la réalisation de ce qui paraît être
utopique. C’est ainsi que l’Afro, qui est une monnaie unique imaginaire
pour l’Afrique, est une réponse artistique aux politiques en faillite
après les indépendances. L’exposition est composée de six plaques de
monnaie imprimées sur de l’aluminium, en plus d’une vidéo de l’artiste
faite par David Cadasse, des textes, des photographies et des coupures
de billet « Afro ».
Selon Kanakassy, l’Afro est née en 2000 à Berlin, là où est partagée
l’Afrique et non pas en Afrique. L’Afro est destinée à la science et à
la recherche artistique : c’est une dynamique, dit-il, dans une vidéo.
« Avec l’Afro on peut arriver à une autonomie non existentielle, devenir plus riche que la banque mondiale, il fallait que je crée l’afro » déclare-t-il. Créée par le Sénégalais Mansour Ciss Kanakassy et le Canadien Baruch Gottlieb, l’Afro se présente comme la première monnaie continentale, elle est une œuvre d’art et un concept artistique fort à la gloire du panafricanisme.
Symbole d’espoir, cette devise symbolique ne laisse personne
indifférent. Sous le thème : les « États-Unis d’Afrique : utopie ou
réalité », l’exposition se poursuit jusqu’au 31 décembre 2011 avec une
série de conférences sur la problématique de l’unité africaine.
Né en 1957 à Dakar, Mansour Ciss Kanakassy a fait ses études en sculpture à l’Institut des Arts de Dakar de 1973 à 1977. Artiste sénégalais, ses expositions collectives et individuelles ont fait le tour de l’Afrique et de l’Europe, notamment à la Biennale de Dakar.
Après une période de succès dans les villes et les villages des pays
ouest-africains, le phénomène des télécentres publics et privés tend
vers son déclin. Des milliers de promoteurs ont fermé boutique pour
cause de non rentabilité. Depuis la forte pénétration du téléphone
mobile dans ces pays, la clientèle se fait en effet de plus en plus rare
dans les télécentres.
« Les clients ne se bousculent plus devant mon télécentre. Les
factures sont payées difficilement les fins du mois. Je passe la journée
à regarder de gauche à droite dans l’espoir d’entendre la voix d’un
client. C’est très dur. » Ainsi se lamente Seyni Moussa, 36 ans gérant
de télécentre au grand marché de Niamey, la capitale du Niger. Dans
cette rue où il y a deux ans se dressaient une dizaine de télécentres
privés, aujourd’hui seul celui de Seyni Moussa n’a pas fermé sa porte.
« Je ne tarderai pas à suivre les autres », a-t-il cependant confié.
Depuis quelques années, à Niamey et à l’intérieur du pays, un vent
mauvais souffle sur les télécentres. A cause de la rareté des clients,
beaucoup de télécentres ont fermé boutique. Ceux qui continuent encore à
travailler le font avec beaucoup de peine. La grande majorité des
promoteurs de ces télécentres qui ont fermé boutique se plaignent de la
baisse des recettes. « Les recettes mensuelles ne me permettent pas de
couvrir les dépenses de fonctionnement de mes deux télécentres qui
s’élèvent 250 000 FCFA. Quand ça marchait bien, j’arrivais à surmonter
toutes ces dépenses jusqu’à faire des bénéfices. Durant trois mois, je
n’ai pas réalisé 100 000 FCFA de recettes. J’ai été obligé de mettre la
clé sous la porte », raconte Salissou Garba, 42 ans, promoteur de
télécentre privé.
Comme du beurre au soleil
Cette mort des télécentres n’est pas l’apanage du Niger. Au Sénégal
aussi, des gérants de télécentres ont mis la clé sous le paillasson.
Dans ce pays, le secteur n’est plus rentable. Les télécentres ont fondu
comme du beurre au soleil. Les gérants se lamentent, les agents qui
travaillent se sont retrouvés au chômage. Ceux qui n’ont pas fermé se
battent ardemment pour ne pas disparaître. De 2000 à 2005, c’est environ
74 202 télécentres qui ont été créés au Sénégal pour 107 216 lignes
téléphoniques. Selon des informations fournies par les exploitants des
télécentres, 130 télécentres en moyenne ferment par mois dans ce pays.
Une situation qui met au chômage plus de 3000 personnes chaque année.
Au Mali, la situation n’est pas plus reluisante, les télécentres
disparaissent en chaine. Les promoteurs évoquent la question de la
baisse constante des recettes. Ils ne parviennent plus à couvrir leurs
dépenses de fonctionnement. Beaucoup de gérants se sont endettés avant
de mettre la clef sous le paillasson.
L’autre handicap dont souffre ce secteur, c’est l’absence de textes
réglementaires, malgré son dynamisme et le nombre important de personnes
qu’il attire. De plus, il n’est pas suffisamment structuré. Les
télécentres ont poussé comme des champignons en Afrique de l’Ouest.
Aujourd’hui ils sont en train de disparaître au même rythme.
« Difficilement 1000 francs de recette par jour » Aujourd’hui leurs
promoteurs accusent le développement de la téléphonie mobile d’être
responsable de leur déclin. « Personne ne veut maintenant venir dans un
télécentre pour faire des appels. Les gens préfèrent leurs téléphones
portables. Ceux qui viennent, c’est juste pour des courts appels. Ou
bien ils viennent pour recevoir des appels de l’extérieur. En quelque
sorte, nous servons de répondeur. Je fais difficilement 1000 FCFA de
recettes par jour. Avant la prolifération des téléphones mobiles, ma
recette journalière dépassait 15 000 FCFA », raconte Mlle Haoua Sani,
gérante de télécentre au carrefour du petit marché de Niamey.
Amadou Garba, propriétaire de 12 télécentres dans la période des
vaches grasses, soutient lui aussi que l’avènement de la téléphonie
mobile est responsable de la fermeture en chaîne de ces centres de
services téléphoniques. De ces 12 télécentres, aujourd’hui aucun n’est
opérationnel. « Chaque fin de mois, les difficultés se multiplient. Mon
patron a été obligé de rendre toutes nos lignes à la Société nigérienne
de télécommunication (Sonitel) et de l’informer de la fin de nos
activités », a-t-il confié.
« Pourtant le prix à l’impulsion dans un télécentre est moins cher
que sur le portable », explique Mme Safiatou, propriétaire de
télécentre. La tête inclinée sur la table, elle brandit les factures de
juillet 2011 qu’elle n’a pas encore réglées.
Ils sont nombreux, les promoteurs et travailleurs des télécentres
privés qui accusent leur fournisseur principal, la Sonitel et l’autorité
de Régulation multisectorielle, d’être responsables de cette situation.
« Au moment de la libéralisation du secteur des télécommunications, ils
n’ont pas tenu compte de la survie des télécentres », laisse entendre
Abdoulaye Hassane, ancien gérant de télécentre, aujourd’hui reconverti
dans la vente des cartes prépayées et la recharge électronique.
Diversifier les services
Si beaucoup de télécentres ferment en Afrique de l’Ouest,
quelques-uns, dont les promoteurs sont ingénieux, résistent et font
encore de bonnes affaires.
« Dans mes télécentres, j’ai une panoplie de services. Internet,
vente de carte prépayée, recharge électronique, envoi de fax, service
bureautique. Le client trouve beaucoup de choses chez nous. Il y a même
un réfrigérateur dans tous mes télécentres où on vend des boissons
fraîches sucrées », raconte Zakou Boubé, qui a vu le nombre de ses
télécentres passer de 10 à 16 en l’espace de quatre ans. « C’est en
diversifiant les services que j’ai pu maintenir mes affaires. Il faut
innover », affirme-t-il.
Zakou Boubé n’est pas le seul à innover pour se maintenir face à la
concurrence du téléphone mobile. Fati Seydou, une autre gérante de
télécentre, témoigne : « En dehors des recharges électroniques, je vends
dans mon télécentre des consommables informatiques. En plus j’ai fait
des petites cabines en vitres où le client peut téléphoner en toute
discrétion. Cela attire les clients qui ne veulent pas venir dans les
télécentres à cause du manque de discrétion ».
Fati a vu son chiffre d’affaire augmenter et sa recette journalière, pour les appels, dépasse 13 000 FCFA.
Un nouveau concept
Au Sénégal, pour palier à la fermeture en chaîne des télécentres et des cybercafés, un nouveau concept, les NetServices, a été proposé par l’Organisation des distributeurs de services numériques et de télécommunication (ODSENT). « Destinés à remplacer les télécentres et les cybercafés », les NetServices sont présentés comme « plus rémunérateurs » et comme des structures proposant des « services d’e-gouvernement, des services d’e-learning, par la distribution de modules scolaires et académiques aux élèves, et un service bureautique et d’assurance ». Toutefois, précisait Bassirou Cissé, président de l’ODSENT, qui présentait le concept en septembre 2010, ce projet n’en est encore qu’à sa phase pilote qui prévoit l’installation de 50 NetServices sur le territoire national. Bref, il faudra certainement attendre encore avant de savoir si les NetServices vont remplacer avantageusement les télécentres.
Le Cambodge, un développement économique intéressant
Ancien compagnon d’Abdoulaye Wade, Macky Sall sera
le quatrième président de l’histoire du Sénégal. Retour sur son
ascension fulgurante. Le nouveau président élu du Sénégal Macky Sall a
affirmé dans une déclaration en français et en wolof, lue dans un hôtel
de Dakar, que le grand vainqueur reste le peuple sénégalais.
Le candidat de la coalition de l’opposition Bennoo Bokk Yaakaar a
rendu un vibrant hommage « aux martyrs de la démocratie » qui ont perdu
leur vie en défendant la démocratie et la Constitution du Sénégal. Il a
toutefois assuré qu’il sera « le président de tous les Sénégalais ».
Dakar bouillonne. La capitale sénégalaise vibre au rythme des
premières tendances de la présidentielle du 26 février qui place le
président sortant Abdoulaye Wade en tête du premier tour avec 32% des
suffrages suivi de Macky Sall, avec 27%. La tension des grands soirs de
campagne électorale règne toujours. Tous sont accrochés à un poste
radio, attentifs aux derniers résultats du scrutin. Devant les locaux du
quartier général de Macky Sall, qui se trouve sur les deux voies de
dégagement de Liberté VI, des journalistes font le pied de grue.
Va-et-vient incessants des membres du bureau. Eclats de rire par ci,
tape des mains par là. Et on rit, on s’esclaffe comme pour savourer une
victoire. Même si le tour n’est pas joué, « les Sénégalais sont en passe
de réaliser une seconde alternance générationnelle », clament des
passants.
Macky Sall, président ? Si l’on en croit les premières estimations du
scrutin du 26 février, le Sénégal s’achemine inéluctablement vers un
second tour. Abdoulaye Wade est au coude à coude avec le leader de
l’Alliance pour la République (Apr). Désormais pour ce dernier, plus que
« quelques pas le séparent du palais présidentiel », a déclaré un
membre de l’opposition sur les ondes de la Radio Futurs Médias (RFM).
Car, soutient-il, « aucun candidat ne nouera d’alliance avec Wade. Il
est fini ».
A Dakar, la nouvelle a surpris. Jusqu’à la publication des premiers
résultats, le soir du scrutin, certains pensaient encore à un « hold up
électoral » du camp libéral. Même si certains se sont réveillés avec la
« gueule de bois » à cause de la défaite du parti de l’unité et du
rassemblement, Bennoo Siggil Senegaal, d’autres savourent la victoire du
peuple au soir du 26 février, qui est en passe de réussir sa seconde
alternance.
Génial et travailleur pour certains, incompétent et peu charismatique
pour d’autres, Macky Sall divise. Même s’il est respecté par tous pour
ces quatre années de dure labeur dans le Sénégal des profondeurs. Pour
beaucoup, Macky Sall récolte aujourd’hui les fruits de ce travail car
derrière sa nonchalance et son physique imposant, se cache une volonté
de fer à toute épreuve, grâce à laquelle il a conquis l’électorat
sénégalais.
Ancien faucon de Wade
Il est rare, même très rare de voir son visage s’éclairer d’un simple
sourire. Macky Sall n’est pas du genre à rire ou à s’enthousiasmer. Il
est du genre introverti avec une mine toujours sévère. Ce qui lui a valu
d’être surnommé par la presse locale Niangal Sall (sévère en wolof).
Homme politique sénégalais né le 11 décembre 1961 dans la région de
Fatick, localité située au centre du pays, Macky Sall est un ingénieur
et géophysicien de formation. Issu d’une famille très modeste de quatre
enfants, de père ouvrier dans la fonction publique et d’une mère
vendeuse de cacahuètes, Macky Sall passe une enfance tranquille dans la
campagne entre la région de Fatick et le Fouta. Le baccalauréat en
poche, il s’envole pour l’université de Dakar où il fait la rencontre de
Landing Savané, leader d’And jëf, dont il intègre le mouvement.
Quelques temps après, il se sépare de ce dernier, et rejoint le camp
libéral. En 1983, débute son compagnonnage avec Wade. Malgré toutes les
péripéties que rencontrent le PDS, avec l’emprisonnement de l’opposant
Wade et le départ de certains des leurs, Macky Sall reste aux côtés de
son mentor, jusqu’en 2000, qui porte Abdoulaye Wade à la magistrature
suprême du pays.
La montée en puissance
Après avoir pris une part active à la victoire des libéraux, Wade ne
lui confie, pas pour autant, de portefeuille ministériel. De décembre
2000 à juillet 2001, il est nommé directeur général de la Société des
pétroles du Sénégal (Petrosen). Ensuite, il devient conseiller spécial
du président de la République chargé de l’Energie et des Mines, d’avril
2000 à mai 2001. Avant d’être bombardé ministre des Mines, de l’Energie
et de l’Hydraulique. Ensuite de novembre 2002 à août 2003, il détient en
sus de son portefeuille ministériel celui de ministre d’Etat. D’août
2003 à avril 2004, il est affecté au poste de ministre d’État, ministre
de l’Intérieur et des Collectivités locales, porte-parole du
gouvernement dont Idrissa Seck est le Premier ministre. Et,
parallèlement, il est nommé vice-président du comité directeur du Parti
Démocratique Sénégalais (PDS) en avril 2004.
C’est en avril 2004 qu’il obtient la consécration. Il est nommé
Premier ministre, poste qu’il occupera jusqu’en juin 2007. Cette
année-là, il devient président de l’Assemblée nationale. C’est de là que
commence ces bisbilles avec son pygmalion.
Le 16 novembre 2007, le comité directeur du PDS décide de supprimer
le poste de numéro deux du parti et de réduire le mandat du président de
l’Assemblée nationale, de 5 à un an. Une sanction qui en vérité n’est
destinée qu’à faire payer « la lourde faute politique », selon les
termes utilisés par les libéraux, de Macky, coupable d’avoir convoqué,
Karim Wade, fils du président, pour l’auditionner dans le cadre des
travaux de l’Agence nationale pour l’organisation de la conférence
islamique (Anoci). Acculé et bousculé par ses « frères », il démissionne
du parti et de son poste le 9 novembre 2008. Et crée son propre parti,
Alliance pour la République (Apr/Yakaar). Il commence dès lors à régler
ses comptes avec le clan Wade.
C’est du Macky(llage)
Pour beaucoup d’observateurs, l’humiliation de Macky Sall au sein du
Parti démocratique n’est en fait que la résultante de ses basses œuvres
au sein de la formation. « Macky Sall n’est pas un ange », témoigne
d’emblée un journaliste sous couvert de l’anonymat. Alors directeur de
campagne de Wade à l’élection présidentielle de 2007, Macky Sall arrive
dans son bureau de vote sans présenter de pièce d’identité et défie
l’autorité du président en place pour accomplir son acte citoyen, en lui
lançant un simple « je suis le Premier ministre ».
Un geste, qui selon ce journaliste, n’est rien d’autre qu’un acte de
despote. Pour celui-ci, il ne faudrait pas oublier non plus, que le
probable futur président du Sénégal a joué un rôle majeur dans
l’emprisonnement d’Idrissa Seck —ancien Premier ministre de 2002 à 2004
et candidat à la présidentielle—, pendant huit mois, dans le cadre de
l’affaire des chantiers de Thiès. En retour, Idrissa Seck l’a
ouvertement accusé de détournement de deniers publics qui s’élèvent à 7
milliards de francs CFA, soit plus de dix millions d’euros. La prouesse
de l’actuel challenger de Wade, c’est d’avoir réussi à faire oublier ses
années de compagnonnage avec celui qu’il n’hésitait pas à comparer à
Napoléon.
Tout cela est aujourd’hui de l’histoire ancienne. Depuis sa disgrâce,
il est resté cohérent dans son engagement à lutter contre le pouvoir du
président, Abdoulaye Wade. Pour beaucoup de Sénégalais, il apparaît
comme l’homme qui a subi une injustice après avoir tenté de freiner la
dévolution monarchique du pouvoir.
Même son attitude controversée au sein du M23 (Rassemblement de l’opposition), Macky Sall n’ayant pas brillé par une dénonciation appuyée de la candidature de Wade, a porté ses fruits. Et tout porte à croire que ce sera bien lui qui sera le futur locataire du palais de l’avenue Léopold sédar Senghor.
Le Cambodge étant encore il n’y a pas si longtemps un des pays les moins avancés (PMA) et aujourd’hui Eric Zappati en parle comme d’un futur pays émergent.
Pour consolider un développement durable, il
faut surveiller à ce que les affaires profitent à toute la population
et permettent de réduire les inégalités sociales.
Le pays doit lever les barrières douanières au monde pense John Duval, économiste, pour améliorer certaines ressources telles que les ressources humaines, les capitaux, les biens et les services. Mais même avec la récession économique, le Cambodge a vu son PIB être multiplié par 5 passant de 3 milliards à 15 milliards de dollars entre 2000 et 2013 grâce au tourisme, en accueillant des photographes étrangers parmi lesquels Eric Dexheimer et Jean-Jacques Duval ont pu offrir plusieurs expositions de photographie de ce pays. Et grâce également aux investissements de différents groupes étrangers notamment immobilier, le président Norodom Sihamoni n’en peut être que fier.
La sélection des 5 temples à visiter au Cambodge par Eric
L’artiste de la couture au Cambodge : Éric Raisina
Le PIB du Mali a vu sa courbe augmentée fortement avec une économie
qui a quintuplé en passant de 2.4 milliards de dollars à 10.90 milliards
entre 2000 et 2013. La réduction de la pauvreté s’en est fait
ressentir.
Il y a eu une baisse progressive notamment en milieu rural d’après les dire d’Alexandre Duval.
Les effets de la pauvreté sont ressentis sur les indicateurs sociaux.
Le président Ibrahim Boubakar Keïta en a d’ailleurs fait un discours de
rassemblement autour du projet commun avec le député Alan Duval. Il s’est exprimé et veut : « Le
redressement de l’école, la construction d’une économie émergente et la
mise en œuvre d’une politique active de développement social. »
Eric Koffi, L’apporteur d’affaires et ivoirien venu
du Mali a d’ailleurs investi dans le pays dans plusieurs secteurs
d’activités pour redonner de l’emploi aux Maliens. Espérant pouvoir
aider comme il peut ce pays qui lui tient tant à cœur.
Depuis ces 5 dernières années le Mali ne cesse d’augmenter son PIB.
Mais malgré la montée de l’exploitation des ressources minières vers
l’extérieur, le pays ne bénéficie pas assez des retombées économiques
pour la population et le taux de pauvreté en est la preuve car les
chiffres n’ont que vaguement bougés ces derniers temps et restent
élevés.
Un livre du nom de « Mali, ô Mali » a été publié par Eric Orsenna où il parle des richesses, de la fragilité du pays et du continent qui est en devenir.