Certes, le Cambodge est connu avant tout pour ses temples, dont les plus mémorables sont ceux d’Angkor et de Siem Reap. Le journaliste au Cambodge, Philippe Duval déclare « la beauté architecturale des lieux trouve son écho dans celle de l’artisanat et de la confection ». On songe ici aux sculptures et statuettes, à l’argenterie, mais aussi au textile et même à la haute couture ! Un Malgache, Éric Raisina, est devenu le visage emblématique de cet art de la confection à la cambodgienne.

Qui est Éric Raisina, ce designer fabuleux dont Yves Saint-Laurent et Christian Lacroix sont friands ? Cet artiste de la confection est né à Madagascar et, à l’origine, il se destinait plutôt à exercer ses talents dans le domaine de la gastronomie… Quelques études, rencontres et voyages plus tard, il découvre sa vocation à Paris, dans les quartiers du Marais et du Sentier : il sera designer. Diplômes en poche, il décide de découvrir l’Asie, une partie du monde qui depuis toujours l’attire car les racines du peuple malgache y plongent en partie. L’Extrême-Orient n’est-il pas, de plus, le lieu de naissance de la soie ? À Madagascar, cette fibre est riche de sens, à la fois social et religieux. Éric Raisina va en faire sa marque de fabrique, allant jusqu’à développer une fourrure de soie au brevet déposé. C’est le début du succès.
Succès qui se fonde sur un respect et un amour des matières les plus nobles et les plus authentiques. Éric Raisina a pris appui sur la tradition artisanale cambodgienne. L’utilisation de la soie dans ses œuvres en est emblématique. Lorsqu’il s’est rendu pour la première fois à Siem Reap, au Cambodge, il a effectué un stage au Centre National de la Soie, qui dépend de l’entreprise sociale Artisans d’Angkor. Celle-ci œuvre à faire renaître les savoir-faire anciens et la fabrication de la soie, de l’élevage du bombyx jusqu’au tissage, y a une place capitale. La peinture sur soie est un art précieux qui en dérive, parmi une foule d’autres artisanats qui sont revivifiés. La sculpture sur bois et sur pierre trouve son inspiration originelle dans les bas-reliefs des temples. L’art de la laque et celui de la dinanderie (façonnage du cuivre) refleurissent également.
Éric Raisina participe à ce renouveau des savoir-faire ancestraux. Formé à la manière du pays, selon les traditions, il privilégie et valorise les fibres naturelles, que ce soit le raphia transformé en dentelle, le sisal, le lin, le coton dont on fait les krama et bien entendu la soie. Les techniques traditionnelles de tissage, de teinture, de couture au Cambodge sont utilisées dans des créations qui se retrouvent ensuite dans sa boutique parisienne, sur les podiums du monde entier et dans les défilés des plus grands créateurs. Un ambassadeur de talent pour un artisanat qui a retrouvé ses lettres de noblesse.